Qualité de vie des patients atteints de polyarthrite rhumatoïde traités par des biomédicaments : l’étude QUALIBRA
S. Tropé (1) ; G. Thibaud (2) ; L. Grange (3) ; D. Formont (4) ; S. KROURI (5) 
(1) DirecteurANDARParis; (2) PrésidentANDARParis; (3) Service de RhumatologieC.H.U..G.A Hôpital SudÉchirolles; (4) Market researchA A HealthcareParis; (5) Affaires Publiques RhumatologieSanofi Aventis FGentilly
Introduction

Des avancées majeures dans la prise en charge de la polyarthrite rhumatoïde (PR) ont été enregistrées au cours de la dernière décennie grâce à l'introduction des biomédicaments. Cependant, un handicap fonctionnel variable et des symptômes résiduels subsistent chez des patients traités [1]. En France, la qualité de vie de ces patients « en vie réelle », ainsi que leur niveau de satisfaction avec les biomédicaments et leurs attentes au long cours n’ont jamais fait l’objet d’une étude spécifique. Nous avons donc essayé de répondre à ces questions.

Patients et Méthodes

Il s’agit d’une enquête observationnelle transversale auprès de patients atteints de PR traités avec des produits biologiques depuis au moins un an. L’objectif était d’évaluer leur fonctionnement quotidien (à l’aide du questionnaire HAQ-DI) et leur qualité de vie (questionnaire EQ-5D). Leur satisfaction vis-à-vis du traitement actuel et leurs attentes d’amélioration avec des nouvelles biothérapies ont également été évaluées.

Résultats

Un total de 504 patients atteints de PR a été inclus dans cette étude (âge moyen = 62,4 ans, 18% d'hommes et 82% de femmes). La durée moyenne de la PR était de 19,2 ans et la durée moyenne du traitement avec les biomédicaments était de 8 ans. Environ 40% des patients ont reçu une biothérapie en première ligne et 30% en deuxième ou en troisième ligne. Lorsque la PR était mal contrôlée par un traitement de première ligne, les patients changeaient leur traitement tous les trois ans en moyenne. Les raisons du changement (switch) d’une biothérapie à une autre étaient liées soit à une efficacité insuffisante (60% des patients) soit à un problème de tolérance (31%). Des hospitalisations dues à la progression de la PR au cours des 12 derniers mois ont été rapportées par 22% des patients en 1ère ligne de biothérapie et 32% des patients en 2ème ligne et plus. Le handicap fonctionnel (affectant particulièrement les activités manuelles de la vie quotidienne) a également augmenté avec le nombre de lignes de traitement. En outre, plus de 50% des patients ayant une activité professionnelle ont dû s'adapter ou changer d'activité en raison de l’évolution de la maladie. En ce qui concerne la perception de leur état de santé, seulement 14% des patients étaient satisfaits de l'amélioration de leurs symptômes (score de 80 à 100 sur une échelle de 0 à 100). Le score moyen était de 63,5 (plutôt satisfaisant). En outre, les patients satisfaits de leur condition, que ce soit sur les symptômes ou le bien-être, ne représentaient qu’un tiers seulement du total. Si les patients reconnaissent la contribution majeure des biothérapies (le score de satisfaction moyen était de 7,5 / 10), ils sont plus de 80% à manifester des attentes importantes vis-à-vis des futures alternatives thérapeutiques.

Conclusion

Malgré les progrès thérapeutiques majeurs réalisés avec les biothérapies pour la prise en charge de la PR, les résultats de cette enquête montrent la persistance d’un handicap fonctionnel, qui se traduit par une qualité de vie non satisfaisante. Le niveau d'attente de ces patients reste élevé vis-à-vis des futures alternatives thérapeutiques.

  • 1. Gerhold et al. Rheumatology (Oxford). 2015, 54:1858-66.